Rétablissement d'Ayaka

Séléna observa la réaction d'Ayaka lorsqu'ils lui apprirent la mort de sa soeur.
Ses traits n'avaient pas bougé, signe qu'elle n'y croyait pas.
Lorsqu'elle lui passa la lettre pour qu'elle la lise, Selena observa discretement les deux Alchimistes avant de reporter son attention sur Ayaka qui venait de terminer sa lettre.
Elle contemplait sa lettre en silence.

-"Aya?"

Ayaka regardait le dossier que tenait l'Impardonnable dans sa grande main. Comme il avait bougé ses doigts, elle pouvait y lire le nom de sa soeur. Elle le fixa alors.

"Vous avez des photos, n'est-ce pas?
-Il est absolument hors de question que je vous les montre.
-Je veux les voir.
-C'est inutile.
-Je ne peux pas croire en la mort de ma soeur avant d'avoir vu ces photos.
-Vos parents ont confirmé l'identité du corps et les empreintes digitales le confirment également.
-Montrez-les moi."

A côté de l'Impardonnable, passe-Muraille s'impatientait devant l'obstination d'Ayaka. Il prit le dossier des mains de son collègue et le lança sur les jambes d'Ayaka qui le ramassa.

"Ces photos ne sont pas très...
-Tant pis pour elle, qu'elle vienne pas pleurer après.
-Je ne pleurerai pas."

Elle prit une longue respiration avant de se décider à ouvrir le dossier. Elle sentait son coeur battre à tout rompre, espérant de toutes ses forces qu'elle trouve un élémant prouvant que ce n'était pas le corps sans vie de sa soeur. Elle ne pouvait croire que ça se termine ainsi. Elle déglutit difficilement et ouvrit le dossier. A la vue de la première photo, Séléna ferma les yeux, percuté par de vieux souvenirs. Cette photo représentait le visage plein d'effroi de Shizuka. Le rythme cardiaque d'Ayaka s'accelérait. Elle détacha délicatement les photos du trombone attaché au dossier et les regarda une à une. Cette mort était horrible. Du sang partout, des membres désarticulés. Sur une main, elle reconnu des doigts cassés, c'était un de ces suppplices fétiches lorsqu'elle était chef de gang. Tenant les photos, ses mains tremblait. Son coeur battait si vite et si fort qu'elle avait l'impression qu'il allait exploser. Elle cherchait désespérément des yeux une preuve démontrant que ce n'était pas Shizuka en gardant son calme en apparence.

*C'est pas vrai... c'est pas vrai...*

Après avoir vu toutes les photos montrant un visage ressemblant énormément à celui de sa soeur, elle n'abandonna pas et refit le tour, se torturant les yeux à nouveau. Tout à coup, un élément la percuta. Elle tint une photo d'une main et les autres tenus par l'autres mains s'éparpillèrent sur le lit et sur le sol. C'était la photo d'un des bras de cette personne qui semblait être Shizuka Nanami. Une expression de surprise figée sur le visage, Ayaka fixait la photo du regard.

Passe-Muraille souffla.

"C'est pas la peine de chercher. Elle est même passer au test ADN. c'est ça la technologie..."

Il s'approcha d'Ayaka et ramassa toutes les photos qu'elle avait faite tomber et lui pris celle qu'elle avait dans les mains. Il regarda la photo, haussa un sourcil et récupéra le dossier sur les jambes d'Ayaka. La porte de l'infirmerie s'ouvrit. C'était l'infirmière qui venait de revenir avec son assistant.

"La visite est terminée, tout le monde de...hors?"

Elle était surprise de la présence des deux envoyés de l'Ordre des Alchimistes. L'assistant, quand à lui, était confus, ne sachant pas s'il devait faire quelque chose.

"Allé, vieux, on trace la route. Il me faut un casse-dalle... J'ai trop les crocs...
-Parle normalement voyons...
-Boucle-la. On y va."

L'Impardonnable et Passe-Muraille saluèrent l'infirmière et son assistant d'un léger hochement de tête avant de quitter l'infirmerie.

[==>Salon de thé avec l'Impardonnable]

Après le départ des deux Alchimistes, l'infirmière vint prendre la tension d'Ayaka. Elle était élevée. C'était bien normal puisqu'elle était inquiète pour sa grande soeur. Prise soudainement d'un mal au crâne, probalement à cause des chocs et des émotions, elle posa la paume de sa main sur son front, comme un réflèxe comme si ça pouvait arrêter la douleur. Ce n'était pas vraiment douloureux mais plutôt lanscinant, comme toutes les blessures actuelle de son corps.

"Tant qu'on ne t'aura pas complètement guérie, fais attention, Ayaka. Certains de tes os sont probablement très fragilisés. Fais comme s'ils étaient en verre.
-Hé, j'suis pas en sucre...
-Considère que c'est tout comme."

L'expression de désespoir d'Ayaka fit sourire Séléna qui était restée à ses côtés. Tout-à-coup, elle se rendit compte de quelque chose.

"Dis, Lena-chan, pourquoi Kyô n'est pas encore venu me faire la morale en me disant que j'ai gagné un séjour à la salle d'Isolation?"

Séléna arrêta le balancement de son pied.

-"Euh…tiens…c'est vrai que c'est bizarre…
Attends, nous sommes le ?
-le 13, pourquoi ?
-…"

Séléna sortit l'agenda de son sac et feuilleta jusqu'au 13.

-"Je m'en doutais…Hiro a une séance photo…"

Une pensée les percuta. Elles se regardèrent en rigolant doucement.

-"Non, impossible…
-Ouais, clair…"

Elle tourna la tête vers la fenêtre entrouverte par l'infirmière. Un air frais caressait son visage. Elle avait froid. Son ruban était toujours noué autour de sa blessure volontaire à la main.

"Ayaka, tu ne t'es pas mordu la langue pendant le duel?
-Non, je suis pas une débutante. Par contre, j'ai une dent qui est tombée.
-Ah bon? Une définitive?
-Nan, une fausse.
-Avoir des fausses dents à ton âge...
-Disons que j'ai un passé qui y a contribué.
-Et tu en as combien de fausses?
-Euh... Cinq, je crois. Celle qui est tombé, celle du fond là, celle-ci et...
-Et?
-Mes deux dents de devant. J'aime pas ça. La fois où je les ai perdu en mangeant un truc dur, mon frère s'est moqué de moi pendant longtemps.
-Je me demande bien quel genre de vie tu mène, toi. Bon, repose-toi maintenant.
-Je suis pas fatiguée."

L'infirmière lui lança un regard noir très menaçant. Ayaka tourna la tête pour ne pas croiser ce regard.

"Je vais chercher quelques herbes à la Véranda avec mon assistant. Tu ne bouge pas de là.
-Comme si je pouvais..."

En effet, les deux jambes d'Ayaka étaient sévèrenement touchées. Les semelles en fer sous les chaussures de toshirô ne pardonnaient pas. Elle regarda Séléna.

"Tu penses qu'Hiro a kidnappé Kyô?"

Séléna se pencha légèrement en arrière et haussa les épaules.

-"Bah, tout est possible avec lui…
Quand il a une idée en tête…je suis certaine que pour avoir la paix, Kyô l'a suivi.
M'enfin, ça promet, il va être d'humeur massacrante quand il saura ce qui t'est arrivé."

Séléna approcha son tabouret du lit et se pencha vers Ayaka.

-"Au fait, tout à l'heure…tu t'es arrêté sur une photo.
Il y'a quelque chose qui te semblait…bizarre?"

Ayaka haussa les sourcils puis se remit à penser à cette photo.

"Je n'ai encore rien dit aux deux Alchimistes parce-que j'aimerais les connaître un peu mieux. Mais en fait..."

Ayaka essayait de s'approcher de Séléna pour ne pas à avoir à le dire à trop haute voix mais rien que de s'appuyer sur ses bras lui faisait mal. Elle supposa qu'elle avait le bras cassé.

"Je pense que ma soeur a déguisé sa mort. En temps normal, il y a une cicatrice sur le bras de ma soeur, une vieille brûlure assez grave. C'était moi qui l'avait brûlé la première fois que ma magie de Feu s'était déclarée. On s'étaient disputé et le feu a jailli d'un coup. Elle en a gardé une cicatrice et sur ce bras, elle n'y était pas."

Ayaka demanda à Séléna de lui servir un verre d'eau de la carafe sur la petite table à côté du lit puis reprit son explication après une gorgée.

"Cet été, quand j'ai bossé pour mon examen d'Alchimiste, j'ai découvert qu'un rare poignée de magiciens noirs étaient capable de reproduire un corps humain sans vie. On les appelle des nécromanciens. Shizuka doit être amie avec l'un d'eux. Je crois qu'il n'y en a que 5 dans le monde entier ou je sais plus trop. Mais je ne comprends pas pourquoi elle se ferait passer pour morte. J'ai bien fait d'insister pour voir ces horribles photos..."

Elle se mit à réfléchir.

*Tant qu'ils sont encore là les deux zozo, ils pourront me rendre un service et en échange, si je vois qu'ils sont réglo, je leur dirai ce que je sais à propos de la fausse mort de Shizuka. Les Alchimistes ne sont pas à la botte du Ministère. Si Oneechan a fait ça, c'est probablement parce-qu'elle était poursuivie donc il vaut mieux éviter que l'information de cette mort factice ne se propage trop...*

"A propos des deux garçons, pourquoi Hiro amènerait-il Kyô? C'est bizarre ça..."

Séléna s'assit sur le lit, prenant garde de ne pas toucher Ayaka.

-"4 qu'il en reste.
Le cinquième est mort, il y'a peu de temps.
Mais, je suppose qu'il a été remplacé vu que tu dis 5…
Par contre, ces drôles de machins doivent avoir plus de renseignements, non?
Tu comptes leur en parler?"

Séléna bailla discrètement derrière sa main.

-"Ecoute, tu sais comment est Hiro…Il a des idées farfelues.
Il l'a sûrement enlevé ou que sais-je…
De toute façon, nous saurons quoi lorsqu'ils rentreront. Commencer à imaginer le pourquoi risquerait de nous faire imaginer trop de choses bizarres."

Ayaka hocha la tête en riant.

"Aïe, ça me fait mal aux côtes de rire. J'suis cassée de partout! Hahaha... Aïe... Ce n'est pas que Hiro soit bizarre, c'est juste qu'il n'a pas la même conception du monde que Kyô.
-C'est sûr, le jour et la nuit.
-Oui. Mais quelque part, je trouve qu'ils se ressemblent un peu. Je ne saurais pas dire à quel niveau."

L'infirmière regarda sa montre. En temps normal, l'heure des visites était passée mais elle allait bien les laisser discuter encore un peu. A l'horizon, le soleil se couchait.

Séléna fronça les sourcils.

-"Caractériellement?
C'est possible, mais je ne les connais pas suffisamment pour t'acquiescer.
Chihiro a toujours été comme ça? "

Séléna jeta un coup d'œil à l'infirmière qui paraissait dans les nuages.

*Je me demande ce que font Kaoru et Mura-sempai…
A mon avis, Kaoru a du retourner….vu comme il est parti…*

Ayaka essaya de se souvenir.

"Ouais, d'aussi loin que je me souvienne. Mais avant de fréquenter Kyô davantage, il était très courreur de jupons. Il a l'air de s'être récemment calmé de ce côté-là, enfin... je crois. Je ne le connaissais pas beaucoup l'an dernier et je n'étais pas là lorsqu'il était en première année donc je ne sais pas trop comment il était avant mais je sais qu'il a pas mal mûri."

Ayaka souriait tendrement.

"Moi, je trouve que Kyô aussi a changé."

Ayaka regarda l'infirmière qui soignait l'un des bras d'Ayaka de sa magie. Haussant les sourcils, la jeune fille demanda ce qui lui faisait dire ça.

"Avant, ses yeux froids disaient "dégagez de mon chemin". Maintenant, son regard s'est adouci. Je l'ai remarqué la dernière fois qu'il est venu roupiller ici. J'ai appris pour sa situation familiale. A sa place, je réagirais. Même pas un remerciement pour toutes ces années où il a replacé son frère. J'ai entendu dire que ses parents avaient trouvé une nouvelle fiancée pour lui.
-Ah bon? Il n'en a pas parlé.
-Peut-être n'est-il pas au courant."

Ayaka était perplexe.

*Déjà? Ils perdent pas le nord chez les Nekotsuki... Ils ont finalement dû réaliser qu'ils valaient mieux le garder de leur côté vu la qualité de son travail pour l'entreprise familiale. Je me demande quelle genre de fille ils ont trouvé... Probablement une fille de riche...*

"Nanoka.
-Hé?
-C'est le prénom de cette fille d'après ce que j'ai entendu."

Ayaka triturait ses doigts souples en réfléchissant. Elle imagina cette Nanoka. Certainement une très belle fille aux longs cheveux, très intelligente et qui s'entendrait bien avec lui. Elle repensa soudainement au moment où il lui avait fait une déclaration lorsqu'il était ivre.

*Il trouvera enfin quelqu'un dont il sera vraiment amoureux...*

Le regard errant dans le vide, Ayaka sentait quelque chose en elle se serrer. Elle avait mal quelque part.

*Encore ces douleurs? On ne dirait pas. Bizarre...*

Séléna observa les réactions d'Ayaka lorsque l'infirmière se mit à parler de la nouvelle fiancée de Kyô.
La voir chipoter ses doigts, lui confirmait qu'elle semblait anxieuse par rapport à ça.
Elle déposa sa main sur celle d'Ayaka pour lui faire stopper ce geste et lui sourit tendrement.

-"Ne commence pas à t'inquiéter, d'accord ? Et fais moi confiance…
-Je ne voudrai pas te mettre à la porte Séléna mais Ayaka a besoin de se reposer.
Tu pourras revenir la voir demain matin."

Séléna eut une petite moue de déception et se retira du lit.

-"N'accord."

Elle se tourna vers Ayaka.

-"Tu as besoin de quelque chose?
-Mon lit?!
-Je vois…mais il te faudra te contenter de celui-ci, princesse."

Séléna lui fit un petit bisou sur le front et lui murmura à l'oreille.

-"Si t'as besoin, appelle, ou fais moi un signe, j'accourrai tout de suite"

Ayaka cligna des yeux pour lui répondre et lui grimaça un sourire.

-"Allez, file retrouver Kaoru !
-Han ! Je l'avais oublié !
Nenuit tout le monde"

Séléna sortit de la pièce en courant.

[=> Hall]

Après le départ de Séléna, Ayaka soupira en grimaçant d'agacement.

"Jen ai marre. Je veux m'en aller.
-Non.
-S'il-vous plaît...
-Non.
-J'aime pas cette odeur comme dans les hopitaux. Elle me file la nausée...
-C'est psychologique tout ça. Allé, repose-toi maintenant.
-J'en ai encore pour longtemps?
-Non, d'ici demain, tu pourras te lever mais tu devras quand même faire attention.
-Tch..."

L'infirmière la regarda d'un ton amusé. Même allitée, Ayaka ne manquait pas d'énergie. Elle s'asseya à côté de ses pieds sur le lit.

"Tu es en sécurité ici.
-Pourquoi vous me dîtes ça?
-Tu as l'air d'avoir peur.
-Je n'aime pas ce genre d'endroit..."

L'infirmière se leva et alla probablement à son bureau à l'entrée de cette longue salle. Ayaka souffla et s'adossa aux coussins derrière elle en regardant le ciel à travers la fenêtre. Le ciel se couvrait.

"Roh... De la pluie pour la nuit, que c'est déprimant..."

[<==Entrée de l'école]

Kyô ouvrit en grand la porte de l'infirmerie si bien que l'infirmière qui remplissait un dossier médical sursauta.

"Kyô? Tu m'a fait peur...
-Où est-elle?
-Bonsoir."

Le regard noir de Kyô effrayait quelque peu l'infirmière qui se mit à sourire de façon crispé, craignant de se faire foudroyer.

"Où-est-elle?
-Au fond. Ne lui crie pas trop dessus...
-C'est ça, c'est ça..."

L'infirmière le regarda marcher d'un pas rapide en direction du fond de la longue salle.

*Au fond, ce n'est pas très précis...*

Arrivé vraiment tout au fond de la salle, il vit la silhouette d'Ayaka, assise sur un lit, une couverture couvrant ses jambes, ses mains posées sur ses genoux. Elle regardait la fenêtre de l'autre côté et n'avait pas vu Kyô arriver. Elle avait l'air de ne pas l'avoir entendu.

"Hé."

Elle tourna la tête en sa direction et afficha une mine elle aussi un peu effrayée au vu du regard de Kyô.

"Euh... C'est très simple à expliquer en fait et euh..."

*Idiote!*

Content qu'elle aille bien finalement, il sentit ses jambes avancer inconscienmment vers elle et ses bras, toujours inconsciemmment comme par hasard, l'enlacer.

"Ky...ô?
-Ne refais plus ça, idiote."

*Je vais m'épuiser à cause d'elle...*

Lorsqu'il réalisa ce qu'il était en train de faire, il la lâcha et s'asseya sur le tabouret à côté du lit.

"Laisse-moi deviner ce qu'il s'est passé. Toshirô t'a provoqué et tu as répondu. Vous vous êtes battus et tu t'es bien faite amochée. Si toi, tu te trouves ici, où se trouve Toshirô? Ne me dis pas que tu l'as tué...
-Mais non, je me suis fait battre à plate couture. Là, les soins ont été commencés mais je crois que tu viens de me briser les os intacts qu'il me restait."

Les joues de Kyô se mirent à rosir, il regarda ailleurs pour éviter de croiser son regard.

"Je n'ai pas d'autre choix que de t'envoyer en Salle d'Isolation."

Le visage d'Ayaka en disait long à ce moment-là. Elle préférait tout sauf y retourner. Kyô le savait très bien mais d'un côté, elle l'avait bien cherché.

Ayaka n'aimait pas la salle d'Isolation. La solitude lui faisait peur en quelque sorte. De plus, la magie était inutilisble à l'intérieur de cette pièce lorsqu'elle était scellée. Cela signifiait qu'il lui était impossible de se réchauffer par la magie alors qu'il faisait assez froid dans cette salle en hiver.

"Je sais, j'ai fait une erreur mais ma défaite...
-Que t'as appris cette défaite?
-Ne pas me reposer sur mes acquis et ne pas sous-estimer l'ennemi, surtout quand on le connaît."

Elle avait froid, sa magie était toujours catalysée via son sang par le ruban rouge autour de sa main. Kyô, qui avait d'habitude la peau si fraîche l'avait réchauffé l'espace d'un instant en l'enlaçant.

*Il devait être vraiment inquiet... Il ose pas le dire, hihi, c'est mignon!*

Elle observa le visage de Kyô.

"Tes cheveux... tu les as coupés?
-Oh? Oui, c'est quand je suis allé avec Hiro. Il a tenu à ce que je participe à son métier.
-Il t'a fait posé?
-Oui."

Il avait toujours le regard fuyant, elle remarqua qu'il était un peu gêné d'en parler. D'imaginer Kyô en train de poser devant un objectif la faisait sourire.

*Il devait avoir de la classe. Quand je le regarde, parfois, ça m'éblouit. Il y a quelque chose en lui qui le rend scintillant. Nous, les membres du Conseil, on a l'habitude de le voir et surtout sous son vrai lui donc on ne le remarque pas mais il a un grand charisme inspirant le respect à tous les élèves.*

Elle repensa soudainement à cette histoire de fiancée dont avait parlé l'infirmière avant de faire partir Séléna.

"Au fait, tu connais une certaine Nanoka?
-Séléna m'en a aussi parlé lorsque je l'ai croisé. Qui vous a parlé de ça?
-L'Infirmière. Elle a dit que c'était ce qui se racontait en ce moment. On dirait que tes parents ne perdent pas le nord."



Ayaka savait tout-à-fait de quoi parlait cette autre elle lorsqu'elle parlait de fléau. L'amour qu'elle portait à son copain de l'époque a été la cause de sa tristesse et de sa rage qui ont fait d'elle une yankee sans pitié. Elle regarda Kyô du coin de l'oeil. Séléna l'insitait à aller avec lui mais... pour elle, ce n'était que de l'amitié. Elle serra les poings.

"Quoi?
-Hé?
-Pourquoi me regardes-tu?
-Oh... Pour rien, je me disais juste que cette coupe mettait bien en valeur tes yeux bleus.
-...
-T'es gêné?
-Oui.
-Pourtant, tu devrais avoir l'habitude! Hahaha! Toutes les filles qui disent "Oh, Kyô-sama, que vous êtes beau!", "Oh, Kyô-sama, que vous êtes intelligent!" et aussi les "Oh, Kyô-sama, je vous aime!". Faudrait pas te gêner pour si peu..."

Kyô soupira en passant sa main dans ses cheveux, les désordonnant légèrement au passage. Dehors, il se mit à pleuvoir. Il grimaça, il n'aimait pas la pluie la nuit.

"Mishima.
-Hé?
-Nanoka Mishima. Je ne l'ai vu qu'une seule fois, dans le journal. C'est pour ça que j'avais du mal à m'en souvenir, c'est parce-que je ne l'avais jamais rencontré.
-Je connais pas.
-Elle est autralienne, d'origine japonaise et chinoise. Meilleure élève de son académie et fille d'un grand investisseur, l'un des meilleurs partenaires de la société Nekotsuki.
-Elle est intelligente et doit être très belle.
-Oui, dans le journal, l'article portait sur un concours de beauté organisé dans son académie.
-Pourquoi je tape toujours dans le mille..."

Kyô ne comprenait pas la réaction d'Ayaka.

*C'est vrai que ce genre de fiancée ne ressemble pas du tout à Ayaka. Cependant, Père et Mère auraient pu me prévenir avant que je le sache de rumeurs...*

Il voyait Ayaka frissoner et remarqua le ruban autour de son poignet. Elle avait catalysé sa magie directement par le sang. Puisqu'elle n'en avait pas parlé, il préféra ne pas aborder la conversation, d'autant plus qu'il était fatigué. Il se leva du tabouret et enleva sa veste puis la posa sur les épaules d'Ayaka.

"Il ne manquerait plus que tu attrapes un rhume. Avoue que ce serait le comble pour une magicienne de feu."

Puis il quitta l'infirmerie, tout rouge, ce qui amusa l'infirmière qui le vit passer devant son bureau.

[<==Chambre de Kyô]

Ayaka le regarda partir en haussant les sourcils. Tout d'abord surprise, elle se mit à sourire de la maladresse de Kyô dans son attention. Elle mit ses bras dans les manches de la veste et remarqua un écusson à l'intérieur.

*Hé?!?! Mais c'est une marque super chère!!... Saletés de riches...*

La veste était fine mais apportait beaucoup de chaleur. Elle comprenait pourquoi il ne portait pas de manteau. Boutonnant chaque bouton, elle sentait qu'elle avait moins froid. De plus, l'agréable parfum de son ami en était impreigné.

*Il faudra que je lui demande un jour ce que c'est son parfum, ça sent trop bon.*

Ayaka sentit quelque chose dans une poche. Elle y plongea sa main et en retira un bonbon. Elle se mit à rire toute seule.

*C'est tout lui ça... Lena-chan aussi en a tout le temps sur elle.*

Elle s'allongea dans le lit, blottie dans la veste et la couverture. Elle essayait de s'endormir mais il n'y avait pas moyen. Ayaka était frigorifiée. Elle n'avait jamais maginé à quel point elle avait besoin de sa magie. De plus, l'orage à l'extérieur la dérangeait. Lorsqu'elle était petite, elle avait peur de l'orage mais elle avait finalement vaincu sa peur la première nuit qu'elle avait passé dehors en tant que délinquante. Montrer sa peur de l'orage devant des yankee, c'était la honte.

*Hé, le tonnerre! Mets-la en veilleuse!*

Après un long moment, elle pu enfin s'endormir.

[<==Salle du Conseil]

Passe-Muraille ouvrit tout doucement la porte et la referma avec tout autant de précaution. L'Infirmière s'était endormie à son bureau. Son assistant était dans leur petite salle de repos derrière le bureau, lui aussi endormi. Le jeune Alchimiste alla sur la pointe des pieds jusqu'au lit d'Ayaka mais quelle ne fut pas sa surprise en constatant que le lit était vide.

*Mince! Où est-elle?!*

Ayaka, qui s'était cachée en entendant la porte s'ouvrir car elle n'arrivait pas à dormir, embusca Passe-Muraille par derrière en attrapant son cou avec son bras et pointa la pointe d'un économe (épluche-légume) à quelques centimètres de son oeil droit. Passe-Muraille ne bougeait pas, ne sachant pas si la jeune fille était sérieuse.

"Hé, on se calme. Ce n'est que moi, Passe-Muraille.
-...
-Mademoiselle Nanami?
-J'ai un service à vous demander et je ne vous lâcherai pas tant que vous n'aurez pas accepté."

Ayaka était on ne peut plus sérieuse. Elle était prête à crever l'oeil de l'Alchimiste s'il se rebiffait ou refusait.

Passe-Muraille sentait une certaine intonation dans la voix d'Ayaka qui l'inquiétait. Lorsqu'il l'avait rencontrée tout-à-l'heure, il n'aurait jamais dit qu'elle aurait ce type de comportement. Après tout, elle avait attiré l'attention de l'Impardonnable, ce n'était pas rien.

*Et je ne dois pas oublier que c'est une Vice-Présiden... te.*

Il devait réfléchir rapidement.

"Qu'est-ce que vous voulez exactement? Je suis capable d'accéder à votre requête au moins.
-J'en sais rien. Tout ce que je veux, c'est qu'on me repose ces sceaux.
-Des sceaux? Quels sceaux?
-Connaissez-vous les sceaux de Ashor?
-Ouais...? Mais vous devez vous planter, c'est pas pour les êtres vivants."

La pointe de l'économe s'approcha dangereusement de l'oeil de Passe-Muraille. Elle s'arrêta à un centmètre. La main d'Ayaka ne tremblait pas du tout, ça interpella le jeune Alchimiste.

"Quoi?!
-Il m'en faut quatre.
-Hein...
-J'en avais cinq. Il ne m'en reste plus qu'un. Il m'en faut quatre. Etes-vous capable de le faire?
-Vous me demandez de faire quelque chose d'inhumain. Je ne peux pas accepter, c'est une question de morale. L'Impardonnable dirait la même chose que moi."

L'économe ne s'était pas approché. Il se demanda s'il avait réussi à convaincre Ayaka. Il sentit l'étrainte de la jeune fille s'affaiblir. Il en profita pour la bloquer à son tour et faire tomber l'économe sur le sol, qu'il poussa ensuite loin avec le pied.

"Alors, vous êtes calmée?"

Ayaka avait été interrompue dans ses "négociations" par un terrible mal dans l'estomac qu'elle essayer de ne pas montrer. Cette faille avait pu donner le temps à Passe-Muraille de renverser la situation.

"Il me les faut...
-Hors de question. Vous êtes une personne, pas une chose.
-C'est ce que vous croyez. Certaines personnes ne voient en moi qu'un objet à manipuler.
-Hein? C'est quoi ce Président?
-Hé? Mais ça n'a rien à voir avec Kyô! Ne pensez pas de mauvaises choses de lui.
-Et pourquoi ça? Faut pas vous mettre en colère.
-Lâchez-moi, s'il-vous-plaît.
-Oh, j'oubliais, vous êtes blessée. Plutôt vigoureuse pour une blessée d'ailleurs..."

Il lâcha Ayaka qui s'asseya sur le lit et le regarda d'un air déçu.

"Sans ma magie, je crève de froid et j'ai l'impression d'être une coquille vide...
-Vous êtes droguée?
-Hé?!?!"

La façon de dire de Passe-Muraille avait surpris Ayaka, surtout le fait qu'il pense une chose pareille.

Passe-Muraille prit un tabouret pour s'asseoir.

"Vous avez l'air complètement dépendante de votre magie. Vous droguez votre corps de magie?
-Nan, jamais de la vie. Je suis pas débile. Je sais que ça tue la santé ce genre de pratique.
-Alors d'où vous vient cette sensation de manque?
-Je suis "différente". Vous ne pouvez pas appliquer de généralités à mon cas... Je suis pas une droguée, j'vous dis. J'ai besoin de ma magie pour vivre. Sans elle, je n'existe plus.
-J'ai entendu dire de l'Impardonnable que vos pouvoirs s'étaient déclarés très tard. Comment avez-vous vécu jusque là?
-Je... Vous ne pouvez pas comprendre. Je veux juste les sceaux. Pourriez-vous me rendre ce service?
-Faut que j'en parle à l'Impardonnable. Il est plus efficace que moi pour ce genre de choses. Je peux vous l'assurer."

Passe-Muraille ne comprenait pas vraiment la situation d'Ayaka mais quelque chose lui disait qu'elle cachait quelque chose d'important.

Ayaka se mit à sourire.

*Yes, c'est dans la poche! J'ai réussi à le convaincre! Décidément, je suis trop forte, héhéhé!*

"Allez-y maintenant, je vous attendrai à la Salle de Duel.
-Quoi? Dans votre état?
-Que se soit maintenant ou plus tard, quelle importance? C'est douloureux dans les deux cas. Autant que ce soit maintenant, que ce soit réglé."

Elle vit l'Alchimiste hésiter puis il accepta finalement.

*Super, déjà ça de réglé.*

Passe-Muraille avait l'impression de se faire embobiner par cette fille aux traits charmants et au sourire enjôleur. Les femmes, il admettait que c'était un peu sa faiblesse.

*L'Impardonnable va soit m'enguirlander, soit accepter avec le sourire... j'ai la trouille dans les deux cas. Je suis un Alchimiste depuis 3 ans déjà, la honte sur moi...*

Il quitta l'Infirmerie sur la pointe des pieds, aussi léger que le vent, sans réveiller l'Infirmière qui était toujours en train de dormir en étant affalée sur son bureau.

[<==Salle du Conseil]